Les gens me déçoivent tout le temps. Est-ce qu'il m'arrive de décevoir certaines personnes moi aussi? Sans doute, puisque nul n'est parfait.
J'ai l'impression que je passe ma vie à être un putain de bouche-trou.
C'est que je dois aimer ça.
Depuis que j'ai passé mon bilan psychométrique qui m'a fait prendre conscience d'énormément de choses chez moi, je m'exerce à m'aimer enfin et j'essaye de ne plus m'encombrer de personnes dites toxiques.
J'ai envie de crier tous les jours à tout le monde "HEHO J'EXISTE".
J'aime bien le crédo "il vaut mieux être seul que mal accompagné" mais j'ai toujours eu terriblement de mal à m'y coller. J'ai laissé des tas de personnes que j'aimais (amis ou petits copains) me nuire, me faire souffrir et c'est comme si je les autorisais à le faire puisque je tends toujours naïvement l'autre joue.
Mon côté bon samaritain me perd à chaque fois (ou mon côté "trop bonne trop conne", appelez-le comme vous voulez). Il parait que les victimes des personnes toxiques ont toujours ce profil altruiste, tourné vers l'Autre. Elles manquent aussi cruellement de confiance en elles. Sinon ça ne prendrait pas aussi bien!
A chaque fois que j'ai découvert qu'un homme me trompait - ça m'est arrivé 3 fois, avec 3 hommes différents - je pleurais, je faisais des grosses colères mais au final, c'est toujours moi qui rampais, qui suppliais ces hommes de ne pas me laisser et je faisais tout pour qu'ils reviennent vers moi pour leur donner l'opportunité de me faire souffrir davantage, parce que, allons, c'est toujours comme ça que ça se passe quand on "pardonne" une infidélité, on ne fait que repousser l'échéance. Ils se comportaient comme des gros nuls et moi je leur trouvais toujours des excuses (il a eu une enfance difficile, sa mère est une castratrice, il a glissé sur l'autre fille).
J'étais pitoyable.
Il faut croire que j'attire les gens qui ont besoin d'un bouche-trou vu que je ne sais jamais dire non. Parce que j'ai 34 ans bientôt et j'ai vraiment eu très peu d'amis dans ma vie qui apprécient vraiment de passer du temps avec moi, pour ma compagnie à moi, sans rien me demander en retour, sans m'utiliser pour obtenir quelque chose (faire les devoirs à leur place quand j'étais à l'école, maintenant faire les courses pour eux en même temps que je fais les miennes; passer du temps avec moi pour remplacer une copine absente et m'oublier une fois que la copine est revenue, etc). Je ne sais pas dire non et certains en abusent.
Je laisse les Autres me traiter comme ça et je passe l'éponge, parce que je suis faible, j'ai terriblement peur de ne plus avoir aucun ami. J'envie tellement ceux qui ont les mêmes amis depuis l'école!
Je me dénigre: je me dis que je dois être une sacrée connasse pour que personne ne m'aime ou ne me supporte assez pour être un véritable ami sincère. Je dois être chiante à mourir bien malgré moi, qui fais pourtant tout pour qu'on m'aime, jusqu'à être serviable à outrance.
Pourquoi est-ce que je donne autant de pouvoir aux Autres sur ce que je dois penser de moi-même? Je pense que je dois croire que si les Autres m'aiment, c'est que je suis quelqu'un de bien. Si personne ne m'aime, si je n'ai pas plein d'amis, alors je dois être une sale pourriture qui ne mérite que de mourir seule.
On ne s'aime pas suffisamment par soi-même. On a besoin de l'amour de l'Autre, l'amour de l'Autre nous valorise. On cherche à répondre aux besoins de tout le monde, dans le but d'être aimé et reconnu, comme on le faisait enfant avec nos parents.
On se met en retrait et on fait tout pour que l'Autre nous aime, parce qu'on pense que l'Autre ne peut nous aimer que si on fait ce qu'il faut pour lui plaire.
On donne, on donne, on donne, parce qu'on est comme ça... Et on attend. Mais on peut attendre longtemps parce qu'il ne viendra rien la plupart du temps.
La peur de l'abandon et l'absence d'amour propre dans notre relation aux Autres sont des gros signes de dépendance affective.
Dernièrement, j'ai dit, avec sagesse, à quelqu'un "si tu as de trop hautes attentes, tu seras forcément déçue, si tu n'attends rien tu peux être agréablement surprise". Oui, je m'octroie le droit de donner des conseils que je ne suis pas parce que j'ai toujours de trop hautes attentes.
J'attends toujours de mes amis qu'ils soient prêts à faire pour moi tout ce que je suis prête à faire pour eux (et je suis une dingue) alors imaginez le nombre de fois où j'ai pu être déçue dans ma vie (parce que tout le monde n'est pas dingue comme moi)!
La solution serait de blacklister ces personnes de notre vie mais ce n'est pas toujours possible à faire, surtout quand on tient à elles, et souvent c'est le cas. J'ai plutôt choisi l'option d'être vraiment moi, c'est-à-dire de ne plus me laisser dicter ma conduite sur le fait que mes réactions plaisent ou non aux Autres, je m'autorise à dire non maintenant. J'essaye de ne plus faire attention à ce que les Autres vont penser de moi (mais ça c'est dur).
Si j'ai un truc à dire, je le dis et je ne m'efface plus par peur de faire des vagues. Si ces "amis" ne m'acceptent pas telle que je suis, alors je préfère être seule que mal accompagnée. Si ces amis m'aiment vraiment, alors je n'ai pas besoin de leur plaire.
Je me sens finalement assez fière des "progrès" que j'ai fait dans ma quête de moi-même.
Après toutes ces années à être quelqu'un d'autre pour plaire aux Autres à tout prix, sans succès, je me sens plus que jamais enfin moi-même, la Moi qui ne veut plus se prendre la tête avec des amis en carton, la Moi qui souhaite qu'on l'aime pour ce qu'elle est et non plus pour ce qu'elle peut apporter.
Je sens bien que je ne souffre absolument pas de dépendance affective dans mon couple donc je parle surtout des amis. J'ai justement appris à ne plus laisser mon bonheur entre les mains d'un homme, je ne suis plus une fusionnelle qui m'efface dans l'ombre de mon amoureux, parce que j'ai décidé il y a longtemps que plus jamais un homme ne pourrait m'utiliser comme une carpette pour s'essuyer les bottes.
Je suis moi et on doit m'aimer comme je suis.
Vous aussi vous ne savez pas dire non?
Vous aussi, on vous utilise comme bouche-trou?
Vous aussi, vous laissez les autres vous traiter comme une crotte et vous en redemandez?
Vous aussi vous sentez que vous avez besoin des autres pour vous valoriser (alors que vous êtes quelqu'un de "bien" qui ne devrait normalement pas avoir besoin de ça)?
Avez-vous trouvé une solution pour vous "blinder" un peu et moins souffrir?
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