Aujourd'hui, on m'a encore fait chier alors que je ne demande qu'à être tranquille dans mon coin.
Au boulot, on me demande mon avis sur la présence de morceaux de verre dans des petits pots Nestlé. Je réponds "je m'en fous, de toute façon mon fils n'a jamais mangé Nestlé".
Mon interlocuteur (qui n'a même pas d'enfant) me demande pourquoi. Sachant que celui-là me casse les cou taquine sur mon végétarisme à chaque fois qu'il me voit (à coup de réflexions sur la viande qui font rire tout le monde - sauf moi, mais je fais semblant pour avoir la paix) alors je me prépare mentalement à assumer mes choix sans faire de vague.
Je réponds que je préfère donner à mon fils des choses sans colorants, sans arômes artificiels, sans conservateurs et avec de vrais ingrédients dedans. Ca devrait suffire, j'ai énuméré les raisons de mon choix.
Mais non: s'en suit une joute verbale, où tout le monde parle fort.
On me demande en quoi je sais que ce que mange mon fils est meilleur que ce que mange un autre.
Je dis que probablement, par exemple, un yaourt bio à la confiture est meilleur et plus sain qu'un yaourt qui contient une grosse quantité de sucre et d'arômes. D'où mon choix de préférer les produits les plus simples possibles, avec la liste d'ingrédients la moins longue possible. Ce qui est souvent le cas avec les produits bio.
Mes interlocuteurs (parce que maintenant il n'est plus seul, 2 personnes s'ajoutent à la conversation) rétorquent que je verrai bien, quand mon fils ira à la cantine et chez les copains, je n'aurai plus le contrôle sur ce qu'il aimera manger. Et je ferai moins la maline.
Je réponds (le plus calmement possible mais c'est pas évident, j'ai envie de tout défoncer) que je suis déjà au courant - merci - qu'effectivement Fiston mangera ce qu'il voudra à l'extérieur. Mais CHEZ MOI, c'est CHEZ MOI et donc, CHEZ MOI, il mangera ce qu'il y aura. Chez sa nounou déjà, il mange toutes les choses qu'il ne mange pas à la maison, je n'ai aucun contrôle dessus et je n'en meurs pas. Il mange de tout, il aime manger de tout. Ce sera pareil pour la cantine (mais je me demande pourquoi ils ont changé de sujet).
Ensuite, pouf, mon interlocuteur principal me dit qu'à empêcher mon fils de manger comme tout le monde, je vais le rendre allergique et fragile. J'ai déjà entendu ces "arguments" à la con (alors que je n'empêche rien à mon fils puisque chez la nounou et chez les copains, il mange ce qu'il y a). Décidément, c'est toujours les mêmes phrases qui reviennent chez ceux que ça embête que je ne fasse pas comme tout le monde chez moi.
Fragile? Ca m'étonnerait. En 3 ans, Fiston n'a quasiment jamais été malade. Le nez qui coule à cause des poussées dentaires, c'est fini depuis qu'il a ses 20 dents. Un début de bronchiolite réglé en 3 séances de kiné respi quand il avait 18 mois. Il a eu la varicelle il y a quelques semaines. Et c'est tout.
Pourtant la nounou l'emmène à l'école de ses enfants à elle tous les jours (où il a approché des germes en quantité), elle ou ses enfants sont tombés malades mais pas Fiston (on le laissait à garder même si le grand de nounou était grippé, même si l'autre avait la rougeole, même s'ils étaient malades quoi).
Allergique? En quoi il deviendrait allergique puisque je n'interdis rien A L'EXTERIEUR de chez moi? Mon interlocuteur répond qu'il n'a pas mangé assez de colorants ou de conservateurs, qu'un jour il sera allergique à l'un d'entre eux. Alors ironiquement je demande si la solution serait d'acheter toutes les marques existantes au monde pour éviter ça. Il se rend compte que c'est impossible.
Une des 2 autres interlocuteurs me dit que je mange pourtant des chips et que ce n'est pas sain. Je dis oui, effectivement, je ne devrais pas manger autant de chips (3 ou 4 paquets par semaine). Mais je fais l'effort de les acheter sans huile de palme et je fais du sport. Et c'est justement parce que j'ai du mal à me défaire de mes mauvaises habitudes alimentaires que j'espère éviter de reproduire ce schéma avec mon fils. Mes parents sont abonnés à la malbouffe, j'ai grandi avec des boîtes de conserve et des surgelés, je ne veux pas de ça pour mes enfants. Les chips et les sucreries, j'ai quand même vachement réduit, mais mes interlocuteurs ont raison, je ne suis pas irréprochable. Par contre moi je ne demande à personne de l'être.
La 3ème interlocutrice me dit qu'il y a de bons surgelés et de bonnes boîtes de conserve. Je réponds que certainement mais je préfère vivre sans. Qu'y a-t-il de mal à ça?
L'interlocuteur principal revient à la charge: les pots de yaourts aussi ne sont pas bons, on aura beau mettre n'importe quel yaourt bio ou quoi à l'intérieur, les pots ne sont pas bons. Alors là, je m'enflamme, je dis qu'on parlait du contenu de la nourriture et que d'un coup, il se met à parler du contenant, qu'on arrête pas de changer de conversations, que visiblement nous ne tenons pas la même, que ça ne sert à rien de discuter dans ces cas-là, que j'arrête.
Et à ce moment-là pile, la sonnerie de mon poste de téléphone retentit, je saisis la perche au vol pour mettre fin à cette désagréable conversation qui devenait du lynchage. Je réponds stoïquement à la personne au bout du fil. Mes interlocuteurs s'en vont.
Puis excédée et fatiguée d'être toujours attaquée, même quand je ne demande rien à personne, je suis allée pleurer un bon coup. Je sais, ça ne sert à rien de s'emporter comme ça, je sais que je fais ce que je veux et que je n'ai qu'à me boucher les oreilles. Mais c'est pénible. J'aimerais bien qu'on me foute la paix.
Des fois, j'ai envie d'être seule. Seule avec moi-même.
Des fois aussi, je me demande si les gens entendent les mots tels que je les prononce. Je ne vois à aucun moment l'intérêt de venir me reprocher mes choix. Je ne vais jamais faire ça aux autres, moi. Et m'accuser de fragiliser mon fils ou de le rendre allergique en choisissant qu'il mange ce que je considère être le mieux pour lui, CHEZ MOI, je ne comprends pas.
J'aurais dû me contenter de dire "ah bon, Nestlé a eu des problèmes avec des pots en verre? Diiiiiiingue".
A lire pour mieux comprendre:
Le jeu du tapis de caisse (j'y explique la différence entre "arômes naturels de", "arômes naturels" et "arômes artificiels")
Vous pouvez aussi vous procurer le livre Tout savoir sur les aliments: vérités et impostures du DrLaurent Chevallier (il vaut environ 7€ en livre de poche). Par contre je vous préviens, il n'est pas du tout pro-végétariens.