Bonjour!
Joyeuses fêtes pour commencer, parce que je ne sais pas trop si j'aurais le temps de publier quelque chose d'ici 2012!
Encore un article égocentré, désolée. Mais c'est mon blog après tout, j'écris ce que je veux ce sont les échos dans ma tête non?
S'il vous est déjà arrivé de lire les premiers articles de ce blog, vous savez peut-être que ce qui m'a poussée à me poser des questions sur mon éventuel fonctionnement cognitif différent, c'est le fait que j'ai toujours eu des difficultés en ce qui concerne les relations sociales.
Comme si je n'avais pas reçu le bon mode d'emploi pour savoir vivre avec les autres, comme si j'étais inadaptée socialement, comme si j'étais en décalage perpétuel...
Je croyais que si je n'avais pas plein d'amis comme tout le monde, je n'étais forcément qu'une pauvre nana toute pourrie.
Je croyais qu'il fallait que je me fasse plein d'amis, que c'était obligatoire pour être épanouie, que je n'étais pas normale de préférer lire plutôt que d'être entourée de monde et de conversations.
Je n'ai pas l'intelligence sociale hyper développée.
J'ai même voulu y remédier. Genre j'ai commencé à lire des bouquins pour apprendre à mieux vivre avec les autres, pour apprendre à mieux communiquer, je vous en ai parlé dans CET ARTICLE. Je voulais même entamer une TCC (thérapie cognitivo comportementale) pour régler ma phobie sociale. Bref, je voulais me "normaliser". Me faire plein d'amis, quitte à me forcer.
Mais en fait, je n'ai pas envie, ce n'est pas ce que je veux.
Ca fait maintenant 5 mois que j'ai passé le bilan psychométrique qui m'a ouvert les yeux sur mon vrai moi. Depuis, j'ai parcouru du chemin et je me sens mieux. Parce qu'en fait, je ne suis ni anormale ni folle ni tordue ni quoi que ce soit. Si j'ai tant de mal à me sentir adaptée à ce monde dans la vie de tous les jours, c'est tout simplement parce que je fonctionne différemment de la majorité, une fois que j'ai accepté cette idée et que je ne cherche plus à entrer dans le même moule que cette majorité, pourquoi chercherais-je un faux bonheur dont je n'ai nul besoin? (Pour mieux comprendre, je vous renvoie à la lecture de cet article: Etre surdoué ça implique des inconvénients)
Pour conclure, je partage avec vous ces mots d'Arthur Schopenhauer, tirés d'Aphorismes sur la sagesse de la vie (par pitié, ne lisez pas ce texte en croyant voir un quelconque sentiment de supériorité):
L'homme intelligent aspirera avant tout à fuir toute douleur, toute tracasserie et à trouver le repos et les loisirs ; il recherchera donc une vie tranquille, modeste, abritée autant que possible contre les importuns ; après avoir entretenu pendant quelque temps des relations avec ce que l'on appelle les hommes, il préférera une existence retirée, et, si c'est un esprit tout à fait supérieur, il choisira la solitude. Car plus un homme possède en lui-même, moins il a besoin du monde extérieur et moins les autres peuvent lui être utiles. Aussi la supériorité de l'intelligence conduit-elle à l'insociabilité. Ah ! si la qualité de la société pouvait être remplacer par la quantité, cela vaudrait alors la peine de vivre même dans le grand monde : mais, hélas ! cent fous mis en un tas ne font pas encore un homme raisonnable. - L'individu placé à l'extrême opposé, dès que le besoin lui donne le temps de reprendre haleine, cherchera à tout prix des passe-temps et de la société ; il s'accommodera de tout, ne fuyant rien tant que lui-même. C'est dans la solitude, là où chacun est réduit à ses propres ressources, que se montre ce qu'il a par lui-même ; là, l'imbécile, sous la pourpre, soupire écrasé par le fardeau éternel de sa misérable individualité, pendant que l'homme hautement doué, peuple et anime de ses pensées la contrée la plus déserte. Sénèque (Ep. 9) a dit avec raison : « omnis stultitia laborat fastidio sui (La sottise se déplaît à elle-même) » ; de même Jésus, fils de Sirach : «La vie du fou est pire que la mort. » Aussi, voit-on en somme que tout individu est d'autant plus sociable qu'il est plus pauvre d'esprit et, en général, plus vulgaire. Car dans le monde on n'a guère le choix qu'entre l'isolement et la communauté.
(...) L'homme normal au contraire est limité, pour les plaisirs de la vie, aux choses extérieures, telles que la richesse, le rang, la famille, les amis, la société, etc. ; c'est là-dessus qu'il fonde le bonheur de sa vie ; aussi ce bonheur s'écroule-t-il quand il les perd ou qu'il y rencontre des déceptions. Pour désigner cet état de l'individu, nous pouvons dire que son centre de gravité tombe en dehors de lui. C'est pour cela que ses souhaits et ses caprices sont toujours changeants : quand ses moyens le lui permettent, il achètera tantôt des villas, tantôt des chevaux, ou bien il donnera des fêtes, puis il entreprendra des voyages, mais surtout il mènera un train fastueux, tout cela précisément parce qu'il cherche n'importe où une satisfaction venant du dehors ; tel l'homme épuisé espère trouver dans des consommés et dans des drogues de pharmacie la santé et la vigueur dont la vraie source est la force vitale propre. Pour ne pas passer immédiatement à l'extrême opposé, prenons maintenant un homme doué d'une puissance intellectuelle qui, sans être éminente, dépasse toutefois la mesure ordinaire et strictement suffisante. Nous verrons cet homme, quand les sources extérieures de plaisirs viennent à tarir ou ne le satisfont plus, cultiver en amateur quelque branche des beaux-arts, ou bien quelque science, telle que la botanique, la minéralogie, la physique, l'astronomie, l'histoire, etc., et y trouver un grand fonds de jouissance et de récréation. A ce titre, nous pouvons dire que son centre de gravité tombe déjà en partie en lui. Mais le simple dilettantisme dans l'art est encore bien éloigné de la faculté créatrice ; d'autre part, les sciences ne dépassent pas les rapports des phénomènes entre eux, elles ne peuvent pas absorber l'homme tout entier, combler tout son être, ni par conséquent s'entrelacer si étroitement dans le tissu de son existence qu'il en devienne incapable de prendre intérêt à tout le reste. Ceci demeure réservé exclusivement à la suprême éminence intellectuelle, à celle qu'on appelle communément le génie ; elle seule prend pour thème, entièrement et absolument, l'existence et l'essence des choses ; après quoi elle tend, selon sa direction individuelle, à exprimer ses profondes conceptions par l'art, la poésie ou la philosophie.
Ce n'est que pour un homme de cette trempe que l'occupation permanente avec soi-même, avec ses pensées et ses oeuvres est un besoin irrésistible ; pour lui, la solitude est la bienvenue, le loisir est le bien suprême ; pour le reste, il peut s'en passer, et, quand il le possède, il lui est même souvent à charge. De cet homme-là seul nous pouvons dire que son centre de gravité tombe tout entier en dedans de lui-même. Ceci nous explique en même temps comment il se fait que ces hommes d'une espèce aussi rare ne portent pas à leurs amis, à leur famille, au bien public, cet intérêt intime et sans borne dont beaucoup d'entre les autres sont capables, car ils peuvent en définitive se passer de tout, pourvu qu'ils se possèdent eux-mêmes. Il existe donc en eux un élément isolant en plus, dont l'action est d'autant plus énergique que les autres hommes ne peuvent pas les satisfaire pleinement ; aussi ne sauraient-ils voir dans ces autres tout à fait des égaux, et même, sentant constamment la dissemblance de leur nature en tout et partout, ils s'habituent insensiblement à errer parmi les autres humains comme des êtres d'une espèce différente, et à se servir, quand leurs méditations se portent sur eux, de la troisième au lieu de la première personne du pluriel.
Vous pouvez aussi lire cet article que j'ai publié en septembre si vous avez encore du temps à tuer, L'ennui: je suis là mais je ne suis pas là.