Bonjour à tous!
Ca faisait une éternité n'est-ce pas?
La photo n'a rien à avoir avec ce qui va suivre mais on m'a donné un bocal de châtaignes pelées alors j'ai fait ce plat avec des protéines de soja texturées, servi avec du riz, on s'est régalé!
Je n'ai toujours pas beaucoup de temps à consacrer au blog comme à ses débuts...
Il s'est passé certaines choses que j'aimerais partager avec vous, depuis le dernier article.
Vous le savez peut-être si vous avez lu l'ensemble de ce blog, je suis très sensible, une grande sensible, une sale chialeuse même, diront les plus méchants.
Ma grand-mère paternelle est décédée récemment. C'est la première fois que je perds quelqu'un de mon entourage proche. Elle avait 95 ans, ça devait arriver tôt ou tard, sa santé était sur le déclin, sa fin de vie a été extrêmement difficile, elle qui avait eu si longtemps la fierté d'être encore en forme et autonome, elle était devenue le fantôme d'elle-même, quasiment un légume. Elle était faible, subissait hospitalisation sur hospitalisation, ne s'alimentait plus, se laissait dépérir. Elle ne nous reconnaissait pas vraiment. Bon elle ne m'a pas vue souvent ces derniers temps (chose que je regrette amèrement maintenant) mais l'an dernier par exemple, elle s'étonnait que je sois une femme de 32 ans, mère de 2 enfants parce qu'elle s'attendait à revoir la petite fille que j'étais quand elle me gardait avec mes cousins à l'époque.
Quand mon père a téléphoné pour m'apprendre son décès (rappelez-vous, je suis très loin de ma famille, donc c'était obligatoirement par téléphone), j'avais beau m'y être préparée depuis des mois, voire depuis l'an dernier, ça m'a fait un choc. D'abord parce que d'un coup, j'ai réalisé que mon papa devenait orphelin. Ensuite, j'ai réalisé qu'un jour, ce serait moi qui serait orpheline. Et après, j'ai réalisé que ce serait à mes enfants de devenir orphelins (un jour très lointain j'espère). J'en ai la gorge serrée et les yeux qui s'humidifient rien que d'écrire ces mots.
Mais j'ai été soulagée d'apprendre son décès, parce qu'au moins, elle ne souffre plus. Au moins, elle n'a plus mal.
Je me suis donc rendue sur Paris pour assister à ses funérailles. C'était déchirant.
Chez les cambodgiens, la couleur du deuil est le blanc. Nous étions tous très beaux, très sobres. Ma soeur et moi avons eu toutes les peines du monde à nous procurer un pantalon blanc qui ne soit pas transparent. A croire que les femmes de nos jours aiment montrer leurs dessous avec ces pantalons. Nous aurions volontiers mis une robe à la place mais il fallait absolument alors qu'elle soit assez longue pour couvrir la moitié de la jambe or, toutes les robes blanches que l'on peut trouver en magasin en ce moment ne sont pas adaptées à la circonstance. Trop courtes ou bariolées. Ca fait touriste ou gitane. On a fini par trouver la bonne tenue, en portant des hauts blancs suffisament longs pour ne rien dévoiler de nos derrières.
Le moment le plus dur au funérarium est incontestablement la toute dernière fois où l'on voit le cercueil avant la crémation. Pas loin derrière dans le classement, je mettrais le moment où ils ont refermé le cercueil sur ma grand-mère, celui où l'on s'est dit "je ne la verrai plus JAMAIS".
Bref, tout ça pour vous dire qu'on a beau vivre 95 ans, la vie est encore trop courte.
Perdre mon bébé en 2011, faire ma fausse couche, ce fut un tournant important dans ma vie. J'ai réalisé des tas de choses, j'ai voulu comprendre mon mode de fonctionnement. De fil en aiguille, j'ai découvert que j'ai un fonctionnement cognitif très différent des gens. J'ai appris à faire le deuil d'un bébé qui n'en était pas vraiment un (aux yeux des autres en tout cas, parce que pour moi, c'était un bébé, que j'avais déjà commencé à chérir).
Et là, perdre ma grand-mère, bizarrement, je ne le vis pas aussi mal, ça ne m'affecte pas de la même manière. Je n'y pense pas tous les jours, je ne suis pas malheureuse, sauf quand je pense à mon père.
J'ai fêté mes 33 ans aussi très récemment. C'était génial: presque toutes mes meilleures copines étaient là, elles avaient fait beaucoup de route pour passer du temps avec moi et en plus, elles m'ont pourrie gâtée pour l'occasion. Si un jour vous me lisez ici les filles: je vous aime.
J'ai décidé que la vie était trop courte pour s'emmerder à subir des choses qu'on n'a pas envie de subir, pour parler à des gens à qui on n'a pas envie de parler, pour se compliquer la vie quoi.
Donc j'ai décidé de ne plus batailler. De vivre tranquille. D'essayer de ne vivre que des choses positives, de ne laisser que des bonnes ondes entrer dans ma vie.
Hier par exemple, à la cantine au boulot, je mangeais un bête taboulé. On me demande s'il m'arrive de manger du poisson. Ce à quoi je réponds que non, vu que je suis végétarienne, que les végétariens par définition ne mangent pas de chair animale et que le poisson est un animal. On me dit "Ah bon? Mais il y a des gens qui disent qu'il sont végétariens et qui mangent du poisson". Ce à quoi je réponds qu'il suffit d'ouvrir un dictionnaire pour vérifier qui a raison ou pas. Là on me demande "Mais alors, ils ont un nom, ceux qui ne mangent pas de viande et qui mangent du poisson?". "Effectivement, certains les appellent les flexitariens". Je continue de manger mon taboulé.
Ensuite on m'a demandé la différence entre les végétariens et les végétaliens. J'ai juste eu le temps de dire que les végétaliens refusaient l'exploitation animale en ne consommant rien d'animal comme la soie, le miel, le cuir, les produits laitiers... Quand on m'a coupé pour me dire en se marrant "Mais en quoi ça les dérange les végétaliens de ne pas boire de lait? On n'a pas besoin de tuer la vache pour prendre son lait et une vache il faut la traire sinon elle souffre, t'as déjà entendu une vache crier tellement elle a mal à cause du trop plein de lait?".
J'allais me lancer dans un long laïus sur les raisons des vegans qui les poussent à être vegans, j'en avais le coeur qui palpitait, les veines de la tempe qui tressaillaient puis je me suis calmée et j'ai juste répondu, très calmement, avec une voix douce et bienveillante (j'en revenais pas moi-même). Que les vegans se doutent bien que les pauvres vaches auront quand même quelqu'un pour les traire, qu'ils laissent juste ça aux autres que ça ne dérange pas. Qu'eux, ça les dérange et qu'ils choisissent de s'en passer, ça ne les met pas en danger mortel et surtout, qu'il faut respecter leurs choix, que je ne vois pas pourquoi on se moque d'eux étant donné qu'ils ne font de mal à personne en prenant ces décisions. Ensuite on m'a parlé de l'exploitation de la carotte et comme je m'y attendais, parce que l'argument du cri de la carotte revient TOUJOURS quand un omni a envie de se foutre d'un VG, j 'ai simplement dit que la carotte, comme les autres végétaux, n'avait pas de système nerveux et donc ne ressentait pas la douleur ou la souffrance. Et que de toute façon on s'en fout, il faut respecter les gens et leurs choix et puis c'est tout!
J'ai fini mon taboulé tranquille parce qu'on m'a répondu "ah mais ils font ce qu'ils veulent, ça ne me dérange pas, je respecte". Ouais je veux mon neveu! (je t'entends rigoler à cause de mes expressions de vieille toi au fond de la salle)
Donc, ce boulot, dans lequel je m'ennuie toujours profondément, j'aimerais bien un jour en changer (j'en ai marre de bouffer avec les autres dans la même cantine). Mais je ne sais toujours pas quoi faire de ma vie. Cette question revient en cycles réguliers depuis des années. Quelle reconversion? Chaque année depuis mes 30 ans, je déprime à l'approche de mon anniversaire parce que je me dis que je n'ai encore rien fait de ma vie, que j'ai l'impression de gâcher quelque chose, comme mon potentiel par exemple. Mais je n'ai pas envie de m'enquiquiner à avoir des responsabilités, à devoir rester au boulot jusqu'à 22h comme certains de mes collègues cadres qui ont des dossiers importants à boucler. Mieux gagner sa vie, avoir un statut social plus élevé, mais si c'est pour ne jamais voir sa famille et vivre dans le stress perpétuel, pourquoi?
Et si finalement, ma vie est mieux maintenant qu'elle ne le serait jamais? Et si être tout en bas de l'échelle sociale me procurait cette liberté que je n'aurais pas autrement? C'est vrai, je ne suis "que" secrétaire (mais franchement, j'en suis une excellente, sans vouloir me vanter) mais tous les soirs, je pars à l'heure pile sans culpabiliser, quand je quitte le boulot, je ne pense plus au boulot, j'ai des tas de RTT et j'ai un 13è mois. Mon salaire n'est pas mirobolant mais je peux vivre convenablement, même en mangeant le plus bio possible. Je ne pense pas souffrir un jour de présentéisme (attention au burn-out, il peut tuer: lire cet excellent article de sciences et avenir) et ma famille ainsi que ma santé mentale passera toujours avant tout le reste.
J'ai une famille qui pourrait faire des envieux, je n'ai pas beaucoup d'amis mais bon sang, quels amis! Et j'ai la chance de pouvoir profiter du temps que j'ai avec eux tous.
Alors, et si je me réjouissais?