Combien de temps faut-il pour parvenir à faire le deuil après une fausse-couche?
Ca fait déjà 6 mois et j'ai toujours autant de peine à refouler les larmes qui me viennent quand j'aborde le sujet.
Si je n'avais pas perdu le bébé, aujourd'hui je serais terriblement grosse, j'aurais du mal à monter les escaliers (ou même juste marcher) parce que je manquerais de souffle, je ne pourrais plus porter mon fils de 3 ans qui est parfois fatigué de marcher, j'aurais une sciatique un peu pénible comme lors de ma première grossesse.
Et aussi dans quelques semaines, Fiston entre en maternelle pour sa première rentrée scolaire. Si je n'avais pas perdu le bébé, j'aurais eu le bébé et Fiston à gérer, comment aurais-je fait? A 3 ans, Fiston me prend déjà tellement de temps et d'énergie qu'avec un nouveau-né en plus, j'aurais été la victime parfaite d'un baby blues qui dure...
Parfois je me dis que c'est le destin qui estimait que je n'étais pas encore prête ou pas encore à la hauteur.
J'ai eu mes règles samedi soir. A chaque fois que je les ai, ça me rappelle que mon ventre est vide. J'ai l'impression d'avoir le ventre pourri de l'intérieur. J'ai la sensation qu'il ne fonctionne plus correctement. Bien sûr, ce n'est que dans ma tête, l'obstétricien m'a bien expliquée que tout allait bien et que je pourrai à nouveau être enceinte.
J'aurais préféré que ma dernière grossesse mette plus de temps à venir et qu'elle ait abouti plutôt qu'elle arrive en seulement 3 mois d'essais et qu'elle se finisse comme ça.
Cette fausse-couche m'a aussi permis de me rendre compte de mes problèmes relationnels.
Je n'ai pas beaucoup parlé de ça aux gens qui m'entourent, à mes proches. En fait, j'avais peur qu'ils me déçoivent comme certains m'ont déçue.
Mais je n'avais pas à être déçue. Personne n'a rien fait de mal.
Ils n'ont fait que me dire les mots qu'ils estimaient capables de soulager ma douleur. Ils pensaient bien faire.
Ce qu'ils ne savent pas, c'est qu'aucun mot n'est capable de soulager cette douleur.
Et ça, seules les personnes ayant été confrontées elles-mêmes à la fausse-couche peuvent le comprendre. Aucun mot ne soulage. Une oreille attentive et une épaule sur laquelle pleurer et pleurer encore, c'est à la limite tout ce dont j'avais besoin.
J'ai été déçue par les mots prononcés ("ce n'était pas un bébé"; "tu es jeune, tu en auras un autre"; "il vaut mieux que tu le perdes au début de la grossesse plutôt qu'à la fin"; "la nature est bien faite, si tu l'as perdu c'est qu'il était malformé, tu aurais préféré un bébé triso?"; etc).
Ils n'ont pas été prononcés dans le but de me faire mal, bien sûr, mais je ne peux m'empêcher de me dire que j'attendais mieux que ça.
Je sais que je suis trop exigeante et je sais maintenant d'où vient ce problème, ça me permet de faire un travail sur moi et d'être plus indulgente avec les gens qui m'entourent.
Maintenant il ne me reste plus qu'à attendre. Je pense que quand ma tête se sentira prête, mon corps se sentira prêt.