Denise Vincent « Le devenir des surdoués », Journal français de psychiatrie 1/2003 (no18), p. 39-40.
"Si l’élève doué et précoce a déjà rencontré des difficultés dans le cours de ses études, ces difficultés risquent d’être considérablement accrues dans l’univers compétitif du travail professionnel. C’est ce qui semble malheureusement vérifié par les enquêtes faites à propos des enfants surdoués."
"Manque à toutes ces études sur l’enfant doué la dimension de ses rapports avec son entourage familial et social. Il est tout à fait frappant que beaucoup de ces travaux d’enquête aient été menés par des femmes, elles-mêmes concernées à leur niveau ou en tant que mères d’enfants surdoués. Les relations de l’enfant surdoué à sa mère ne sont pas généralisables."
"Ils ont des troubles du sommeil, des angoisses nocturnes. Leur intérêt pour les livres est très grand, ils absorbent tout ce qu’on leur apprend comme des éponges, ils posent des questions incessantes dont les réponses ne les satisfont jamais tout à fait. Leurs intérêts se développent électivement pour les matières non scolaires : les étoiles, la préhistoire, le commencement du monde, les records. Ils sont obnubilés par la mort. Aucune réponse ne réussit à les rassurer sur les risques d’une mort imminente, qui les taraudent à l’heure du coucher. L’échec à trouver une place dans leur classe où ils cherchent cette position de celui qui a réponse à toutes les questions du maître les angoisse. Les camarades repèrent vite cette attente anxieuse et entrent en conflit avec eux à l’heure de la récréation. Seuls contre tous, ils oscillent entre une attitude provocante, maladroite et une attitude dépressive. De guerre lasse, ils se réfugient dans une attitude hautaine ou dans la lecture des livres qu’ils n’assimilent pas véritablement."
"La prise en charge de l’enfant doit s’accompagner de celle des parents, qui sont souvent eux-mêmes en grande difficulté."
"Pour un garçon, l’hyperinvestissement intellectuel laisse peu de place aux manifestations du désir sexuel. Son organisation psychique est telle que le féminin a à être conjuré, à être réduit au silence. Les femmes surdoués qui cherchent la compagnie des hommes surdoués (pourquoi pas ?) se plaignent de leur attitude fuyante. Si on compte beaucoup moins de femmes que d’hommes parmi les surdoués adultes, alors qu’au départ filles et garçons sont en nombre sensiblement équivalent, cela tient sans doute à ce que les femmes plus que les hommes font le sacrifice de leur supériorité intellectuelle quand elles passent à l’âge adulte. Nous dirons que les femmes sont moins bridées par leur inconscient. Elles sont aussi plus désireuses de fonder une famille et d’avoir des enfants. Mais, bien sûr, ce qui est à craindre, c’est qu’elles reproduisent la relation qu’elles ont entretenue avec leurs parents et que l’enfant soit choisi à son tour pour être le rêve d’un enfant surdoué enfin réussi."
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